jeudi 13 décembre 2012

On a l'âge de ses artères, mais pas de ses genoux...

Je reprends mes notes après une période de deuil familial, en réaction à un article d'un journal ramassé à terre dans le métro marseillais, et qui m'a fait sortir de l'indolence matinale que je partageais en union commune avec mes compagnons de stations voyageurs.
Un article donc, de l'association française de lutte anti-rhumatismale (Aflar) et qui développe, via un site internet www.stop-arthrose.org, une enquête en ligne auprès des personnes victimes d'arthrose, pour décrypter leur mode de vie - surpoids, sédentarité-, et les facteurs de risque (diabète, hypertension, ...), et faire avancer la recherche.
Enquête d'investigations qui va confirmer des données déjà connues des causes et des facteurs favorisants de l'arthrose, mais qui sera peut-être intéressante dans la recherche d'associations de causes les plus arthrogènes et leurs préventions. L'association espère ainsi trouver un traitement à l'horizon 2016-2020.
Ce qui m'a fait sortir de mes songes matinaux, c'est de lire ces phrases d'un autre temps:
"comme le rappelle l'Aflar, il n'existe pas de traitement à ce jour: les médecins savent soulager les patients, mais pas les soigner"!! Et d'enfoncer le clou: l'arthrose du genou ou de la hanche, n'est pas seulement l'usure inévitable du cartilage avec l'âge, mais elle est liée aussi au mode de vie et ces facteurs de risque cités plus haut.
C'est l'éternel opposition entre le cerveau des rhumatologues avec une vision biologique du cartilage, et celui des chirurgiens orthopédistes à vision plus globale biologique et mécanique.
L'arthrose du genou est d'abord une maladie mécanique: le cartilage peut s'user à tout âge, et est indépendant de l'âge! Un vieillard n'aura pas 'inévitablement' un cartilage usé!
Si son genou a un axe rectiligne (droit) sans déviation en varus (genou arqué) ou en valgus (genou en X), si sa rotule est centrée (et non excentrée ou en bascule externe), s'il n'est pas en surpoids excessif, avec une force musculaire correcte autour du genou, et enfin si pas de traumatisme articulaire (rupture ligamentaire ligament croisé, rupture méniscale et cartilage, fracture condyle ou plateau tibial,...), il finira sa vie sans penser à ses genoux.
On a l'âge de ses artères, mais pas de ses genoux...
L'arthrose du genou est donc indépendante de l'âge.
L'arthrose avec destruction du cartilage apparaîtra à tout âge, s'il existe une déviation axiale, un déplacement externe de la rotule, une instabilité ligamentaire (rupture ligament croisé), des lésions traumatiques méniscale et/ou cartilage, des antécédents de fractures articulaire ou péri-articulaire, et si en plus vous m'ajoutez une superbe obésité, vous ne trotterez pas loin...
Donc pour écumer les routes de la vie, pas d'obésité, un entretien musculaire régulier (marche, vélo, sports), traumatismes bien traités: reconstruction stable d'un ligament croisé; ne jamais jamais trop réséqué un ménisque rompu (être très sélectif et ne traiter que la lésion: il vaut mieux laisser un ménisque même abîmé pourvu qu'il soit stable); traiter les lésions grave du cartilage par microperforations et plaquettes, hyaluronique, cellules souches, ..; recentrer une rotule basculée; corriger par ostéotomie une déviation axiale avec arthrose latéralisée.
Toutes ces techniques correctrices ont un but ultime: ralentir et stopper la dégradation arthrosique, et faire repousser le cartilage!!
En effet, nous pouvons régénérer le cartilage: et contrairement aux affirmations d'un autre temps de médecins non chirurgiens orthopédistes, nous pouvons soigner l'arthrose du genou, depuis le grade 1 jusqu'au grade 4 terminal, pourvu que la lésion soit de taille limitée de type défect chondral, de 4 à 6 cm2. Lorsqu'elle devient trop étendue, avec une déformation excessive, une destruction touchant les supports osseux, et lorsque les interventions conservatrices deviennent plus lourdes que la prothèse, et surtout à partir d'un âge avancé, ou avec une mauvaise performance physique, alors la prothèse tient aussi ses promesses, au même titre que la thérapie cellulaire lorsqu'elle est possible.