Car il s'agit d'une bataille. Lorsque l'arthrose du genou commence, lorsque le cartilage fémoral et/ou tibial ou rotulien s'effrite, perd son élasticité, se déchire, se troue, ce trou qui s'élargit laissant l'os à nu - on dit que c'est un défect chondral (dont on mesure la taille), le cartilage est incapable de s'auto-cicatriser et de régénérer, et la destruction est inéluctable, de progression plus ou moins rapide selon la ou les causes de l'arthrose. La cause de la destruction du cartilage est d'abord mécanique, responsable d'une concentration de charges diverses contre le cartilage: charges verticales d'hyperpression comme lors d'une désaxation du genou en varus surtout (genou arqué), ou valgus, ou lors d'une ablation trop large du ménisque (méniscectomie subtotale), qu'il faut toujours préserver ou réparer ; charges horizontales de cisaillement comme lors d'une rupture du ligament croisé ; charges obliques de rotation dues aux associations pathologiques.
La cause mécanique entraîne un processus biologique de destruction du cartilage, qui s'auto-entretient tant que perdure l'origine mécanique.
Lorsque qu'un patient encore jeune, de moins de 55 ans, est porteur d'un genou arthrosique grave, avec un défect de près de 5 ou 6 cm, il est fréquent de constater dans son histoire, un ancien sportif, une ou des opérations (arthroscopies surtout) avec des méniscectomies trop larges, une rupture du ligament croisé antérieur souvent opérée tardivement (1 an ou plus après le traumatisme initial), et en cadeau supplémentaire, une désaxation du genou. Cocktail explosif...
D'où le sens du mot bataille.
Il faudra, chez le patient encore jeune, faire une ou deux interventions, avant de tenter de régénérer le cartilage. Il faudra pratiquer une allogreffe méniscale si absence de ménisque; stabiliser le genou par greffe du ligament croisé antérieur si instabilité chronique, faire une ostéotomie de réaxation du genou pour un genou rectiligne, intervention (s) associée(s) à une arthroscopie pour traiter les lésions articulaires, par des gestes directs sur le défect cartilagineux: microperforations, implantation de cellules souches en cas de critères d'inclusion respectés, libération latérale de la rotule si arthrose rotulienne associée (très fréquente), résection des ostéophytes à la fraise rotatoire, fréquentes au niveau de l'échancrure (empêchant une extension complète du genou), au niveau des bords de la rotule ou des condyles.
Le traitement des désordres mécaniques ralentit la progression de l'arthrose, voire stopper la destruction du cartilage, mais la croissance du cartilage est difficile ou de mauvaise qualité de type fibrocartilage, croissance permise par les microperforations sous arthroscopie.
Avec l'apport de la thérapie cellulaire, plusieurs allogreffes de ménisque ont été réalisées cette année, sans parler des ostéotomies de réaxation parfois nécessaires avant les greffes de cellules souches.
L'utilisation de la thérapie cellulaire, en complément des techniques décrites plus haut, par l'implantation des cellules souches mésenchymateuses de moelle osseuse, et/ou par l'injection intra articulaire de PRP, Plasma Riche Plaquettes, devrait permettre, nous l'espérons par l'essai clinique en cours depuis juillet 2010, une croissance ostéocartilagineux de bonne qualité.
Il est temps de faire le bilan clinique des 6 mois de cet essai clinique d'implantation de cellules souches, et d'apprentissage et de maîtrise de cette difficile technique.
Ce sera l'objet d'un prochain blog.